La restauration des années 2000-2002 a permis de remettre en lumière ce patrimoine exceptionnel. A en croire Falustre, les sculptures de charpente « les plus remarquables par le nombre et la variété des sujets représentés se voient à Bodilis ».

Ici, comme à Kerjean et à Pleyben, celui que S. Duheim nomme le sculpteur anonyme de Pleyben prouve sa maîtrise et sa connaissance des modèles de la Renaissance française.

Au zénith de la voûte bleue étoilée, d’innombrables anges musiciens et acrobates décorent les abouts de poinçons. Plus bas, les entraits à engoulants maintiennent l’écartement des murs et de la voûte. Les sablières, courant sur la crête des murs, se parent des décors les plus riches et les plus variés. Ici ou là, les imposantes têtes de blochets s’élancent au-dessus du vide.


 
 

La chapelle du Rosaire

 
Aux coins, les têtes de blochets représentent les Évangélistes. Sur les sablières, le religieux et le profane se côtoient allègrement. Ainsi, des anges présentent les cinq plaies du Christ, la Sainte Face et une hostie au-dessus d’un calice quand, en face, des putti apportent du raisin à une femme nue allongée dans une posture lascive – thème d’inspiration antique.

Une autre scène d’inspiration médiévale. Au milieu, un tonneau. À droite, un homme à quatre pattes y remplit une pinte, alors que, à gauche, une femme tenant une quenouille tire sur la queue d’un cochon qui retire la bonde du tonneau. Cette étrange scène de beuverie pourrait paraître inopportune en ce lieu s’il n’y avait, plus à droite, un énorme ver s’insinuant dans les globes oculaires d’un crâne accompagné de la sentence lapidaire « Respice finem » (Considère la fin). Ce dernier bas-relief apparaît alors comme une morale à méditer pour le pécheur observant la scène.


 
 

Vers le porche

On admirera surtout les blochets : ce sont saint Pierre avec sa clef et saint Paul tenant l’épée, saint Jean imberbe son calice à la main et sainte Marie Madeleine les cheveux défaits portant un flacon de parfum.

Près du porche, l’ange de l’Annonciation accompagne, en un raccourci biblique, le geste d’affection des cousines Élisabeth et Marie, lors de la Visitation. À quelque temps et quelques mètres de là, la Vierge donne naissance à Jésus, qu’un ange montre aux bergers.
 
 

 
 

Au niveau de la chaire

Sur une sablière sculptée en haut relief, trois imposants chevaux de trait tirent une charrue à roue que conduit un laboureur. Devant l’attelage, un homme sème des céréales. Cette poutre rappelle la vocation agricole de la terre léonarde, l’arrivée précoce des innovations techniques dans la contrée et la richesse des laboureurs. Peut-être fut-elle commandée par l’un d’eux. L’artiste se joue des contraintes liées au type de support. Les chevaux sont bien proportionnés et les hommes semblent plus courbés par l’âpreté du labeur que par l’exiguïté de la poutre.
 
 

Face à cette corniche, un homme conduit un curieux attelage formé d’un lion, d’une licorne et d’un animal difficilement identifiable. Ils tirent une charrette chargée de grandes barriques. Celles-ci évoquent les quantités de vin parfois importantes que commandait la fabrique en vue de rassemblements paroissiaux.

On peut aussi imaginer que ces deux poutres forment un ensemble, allégorie du pain et du vin de l’Eucharistie, « fruits de la vigne et du travail des hommes ».

D’autres poutres sculptées de motifs originaux (mascarons, satyres...) attireront l’attention du visiteur curieux.