Le Tréhou aux siècles passés

Quelque peu à la marge des enclos de la Vallée de l’Elorn, le Tréhou est l’un des grands oubliés des enclos paroissiaux et pourtant… Depuis au moins le XIVe siècle jusqu’à la Révolution, la paroisse du Tréhou avait deux trèves : Treveur et Tréflévénez. La première a disparu, la seconde est devenue paroisse lors du Concordat de 1801.

La Préhistoire a laissé des traces particulièrement importantes sur le territoire : en 1958, un dépôt de 900 haches de bronze y a été découvert. Ce trésor est déposé au musée de Quimper. Selon les études, les plus anciennes remontent à quatre millénaires. Elles auraient servi plutôt comme monnaie d’échange que comme haches de guerre.

Dans les temps plus proches de nos enclos, le Tréhou (où l’on a compté plus de 27 kanndi) était au cœur de la zone toilière. Le « kanndi » est un petit édifice (ti) où l’on lavait le lin pour le blanchir (kannañ). Les habitants achetaient le lin dans les riches terres du littoral, le blanchissaient dans leurs kanndi et le tissaient. On a dénombré dans cent inventaires après décès, 141 métiers à tisser. L’enclos du Tréhou est l’expression emblématique de la prospérité née de l’activité toilière.
 
 

Qui est sainte Pitère ?

C’est la sainte la plus souvent représentée dans l’enclos. A l’extérieur, on la voit au fût de la croix et, dans une belle niche, au sommet du porche sud. Elle est également représentée trois fois dans le chœur, chaque fois avec le livre des Saintes Écritures et la palme du martyre.

Mais qui est-elle ? On n’en sait rien… Certains évoquent une sainte espagnole du nom de sancta Pecina. Quelques écrits aussi nous disent qu’elle fut l’épouse du seigneur de Coatmeur, d’autres qu’elle en fut la fille. Les dates sont très variables. On peut dire cependant que, durant un siècle, les artistes ont repris cette figure de sainte Pitère dont l’orthographe du nom reste elle-même incertaine (sainte Pithère ou sainte Piterre). Ne pourrait-on pas la considérer comme la figure de toutes les saintes femmes qui ont transmis le trésor de la parole qu’elle tient dans son livre ouvert, à travers les souffrances et les misères du temps ?