Les dates relevées sur l’église s’étalent de 1533 (porche) à 1679 (sacristie). Sur une structure de conception gothique, les innovations de la Renaissance s’invitent de manière harmonieuse.
 
 

Le clocher

Le porche à la base du clocher porte la date de 1573. A sa construction, il s’élevait à 75 mètres et devait faire la fierté des tréviens dans la compétition qui les opposait à leurs voisins.

Il s’inspire des clochers de type « Kreisker », avec sa haute tour surmontée d’une galerie et d’une flèche élancée encadrée de clochetons. Particularité qui ne créa pas d’émules, la tour comporte une galerie à mi-hauteur. Hélas, en 1809 la foudre brisa la flèche et on imagine aisément qu’à cette époque les moyens financiers manquaient cruellement pour la rebâtir à l’identique. On coiffa donc la flèche amputée d’une calotte de plomb et on finit par s’en accommoder.
 
 
 
 
 
 
 

Le porche sud

Portant la date de 1533 (cartouche sous la statue de saint Michel), c’est la partie la plus ancienne de l’église. Sa structure est gothique avec ses contreforts surmontés de pinacles, ses rampants à crochets – dont certains ont disparu – et son entrée coiffée d’une accolade flamboyante. Cependant, au sommet du pignon, le lanternon qui abrite la statue de saint Pol et, au-dessous, le dais de saint Michel possèdent une décoration de style Renaissance.

De chaque côté de l’entrée, un ange tient une banderole où est inscrit en lettres gothiques :
BONES : GENZ : QUE : YCY : PASSEZ PRIEZ : DIEU : POUR : LES : TREPASSEZ
(Bonnes gens qui ici passez, priez Dieu pour les trépassés)

Les voussures et piédroits de l’entrée sont creusés de profondes gorges ornées de chardons et choux frisés. Emmanuelle Le Séac’h n’exclut pas qu’ils puissent être de l’atelier Prigent. La maîtrise de la sculpture plaide en faveur de cette hypothèse. Les seules originalités de cette décoration sont des animaux au bas des piédroits et des voussures.
 
 
Au-dessus de l’entrée est scellé un cadran solaire surmonté d’une tête de mort tenue par des personnages difficiles à identifier mais qui illustrent sans doute la route inéluctable du temps vers la mort.

Encore plus haut, le culot sous la statue de saint Michel représente la tentatrice de la Genèse, une femme-serpent charnelle, cornue, à la queue couverte d’écailles qui s’enroule autour de son corps. Elle tient en main le fruit défendu.

Sur la console, saint Michel enfonce la hampe de sa croix dans la gueule de Satan qui tente désespérément de la retirer. Comble de l’impuissance, sa queue s’enroule autour de sa propre patte !

Le parallèle avec la statue supérieure, celle de saint Paul Aurélien, le saint patron de la paroisse, est évident. L’évêque fondateur du diocèse enfonce sa crosse dans la gueule du dragon de « Coat-ar-sarpant », puisque selon la légende locale c’est à cet endroit que saint Pol aurait terrassé le dragon, n’en déplaise aux habitants de l’Ile de Batz. Saint Michel et saint Pol sont les héros de la victoire du Bien sur le Mal. Ces deux statues sont indiscutablement de la main de Bastien Prigent.

Enfin, devant le pinacle sommital, un ange est agenouillé les mains jointes. La Vierge et saint Jean se tiennent de part et d’autre, également les mains jointes. Les larmes sur les joues inclinent à penser qu’ils proviennent aussi de l’atelier Prigent.

A l’intérieur, la voute est constituée de deux belles croisées d’ogives. Au fond du porche, deux portes géminées sont séparées par un trumeau et un bénitier aux décorations Renaissance : feuillages, torsades, modillons, godrons... Au-dessus, une vierge à l’enfant — à qui l’église est dédiée — accueille le visiteur. Elle est placée sur un culot représentant un ange avec une banderole et l’inscription « PAX VOBIS ». Au-dessus des bancs de la fabrique, les douze apôtres avaient été renversés et mutilés à la Révolution. Restaurés, ils ont retrouvé leur place. Les dais au-dessus de chacun d’eux sont gothiques, sauf celui de Pierre qui est Renaissance. On peut reconnaître :

  • à l’est : Pierre, Thomas, Jude, Jean, Jacques le mineur, Jacques le majeur ;
  • à l’ouest : André, Philippe, Barthélémy, Matthieu, Matthias, Simon.

Le chevet

Il porte la date de 1627. Reconstruit au XVIIe siècle, le chevet est classique et de type dit « Beaumanoir », avec trois pignons et une toiture à noues multiples. Les gables de chaque pan ornés de crochets sont aigus et percés de hautes fenêtres. Les angles sont soutenus par des contreforts coiffés de lanternons d’où ressortent des gargouilles. L’ensemble est majestueux.

La sacristie

De forme rectangulaire avec un chevet à trois pans, elle porte les dates de 1673 et 1679. Les contreforts d’angle surmontés de lanternons créent un ensemble harmonieux avec le chevet. A l’est une tourelle abrite un escalier en spirale qui permet d’accéder à l’étage.