Ce porche, typique aussi des grands porches sud des enclos paroissiaux, a été édifié en 1610.
 
 

La façade

Les porches sud de cette époque, et plus encore les baptistères avec leur baldaquin et les retables, sont une manière d’enseignement et comme autant d’outils au service d’une nouvelle catéchèse dans l’Église.

DOMVS : MEA : DOMVS : ORATIONIS : VOCABITVR :
C’est par ces mots, inscrits en belles lettres, que le fidèle ou le pèlerin est accueilli ici : « Ma Maison sera appelée maison de prière. » Ce sont les mots que Jésus a prononcés, en chassant les vendeurs du Temple de Jérusalem. Ce récit se trouve dans les quatre évangiles.

Cette façade, comme le porche, sont dans la lignée des grandes œuvres de la vallée de l’Elorn : La Martyre, Pencran, Guimiliau, Landerneau, Ploudiry…

On trouve ici toute la grammaire de l’architecture de la Renaissance, telle qu’elle a été initiée au château de Kerjean : l’arcade en plein cintre, les colonnes doriques cannelées, les colonnes aux chapiteaux corinthiens soutenant la frise…

La galerie au-dessus, avec la balustrade, communique avec une chambre renfermant autrefois les archives.

Au-dessus, la Vierge-Mère et, tout en haut, un « campanile ».
 
 

Les statues

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Le Père Éternel, coiffé de la tiare papale, tient dans les mains, le corps inanimé de son fils. Depuis le début de l’époque gothique, Marie, portant son fils mort, était l’une des figures les plus populaires de la piété chrétienne. En ce XVIIe siècle, ici et dans quelques autres églises (Commana, Rumengol…), c’est le Père qui reçoit son fils. C’est une manière nouvelle de nous présenter le mystère du salut.
 
 

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À ses côtés, saint Vincent Ferrier. Selon les archives, nous avons là une statue de l’église primitive (celle du cardinal de Coëtivy). C’est ce cardinal breton qui a mené à bien le processus de canonisation de saint Vincent, dominicain espagnol, grand prédicateur entraînant les foules, dont on peut attester le passage dans plusieurs paroisses du Léon. C’est cependant à Vannes qu’il repose où il a même supplanté le saint fondateur : saint Patern !
 
 
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De l’autre côté, saint Gouesnou. Si l’église est celle de Notre Dame de Trémaouézan, saint Gouesnou en est, sans doute, le saint éponyme. Une étymologie précise explique le passage de la forme ancienne de Trémagouezan en Trémaouézan. Saint Gouesnou a laissé beaucoup de traces dans toute cette région du bas-Léon. Il apparaît dans la liste des évêques de saint Pol de Léon au VIIe siècle.
 

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La quatrième statue est celle de saint Fiacre, moine jardinier, avec sa grande oreille. On dit les jardiniers, hommes d’écoute ! Au milieu de la frise, trois belles sculptures : le Christ au milieu et deux personnages en adoration.
 
 

L’intérieur du porche

 

L’intérieur du porche est tout aussi remarquable que la façade. Les familiers de ces œuvres de pierres, reconnaîtront au premier coup d’œil dans les statues des Apôtres le ciseau de Roland Doré. Ce sculpteur de Landerneau a travaillé, durant plus de 40 ans, en cette première moitié du XVIIe.
1610 est la date que l’on peut lire au pied du voisin de St Pierre. Or, visiblement, cette statue est de facture différente des onze autres.
Nous avons ici l’un des plus beaux ensembles de ce sculpteur. Quinquis Meur, dans la paroisse voisine de Plouédern, fut son dernier lieu de résidence.

On peut distinguer au sommet des dais qui couronnent les apôtres, le croissant de lune qui a fait couler beaucoup d’encre. A côté de la lune de Landerneau, il y a aussi les croissants de lune visibles sur la façade du château de Kerjean, en référence au château d’Anet et à Diane de Poitiers, favorite d’Henri II.

On se contentera, ici, de rappeler le dicton breton :
« An neb a ia eus Landerne da Lesneven,
al loar a bar war e gein, hag an heol war e dal.

(Celui qui va de Landerneau à Lesneven,
la lune brille sur son dos et le soleil sur son front »)
Ceci ne donne aucune indication astrologique, mais nous rappelle qu’en ce temps-là, Lesneven était le siège d’une juridiction ducale, puis royale, tandis que Landerneau ne bénéficiait que d’une juridiction secondaire.

Vu fond du porche, nous avons un bel ensemble gothique, datant probablement de la première église.
Deux portes jumelées, avec un arc en ogive, donnent accès à l’intérieur de l’église.
Contre le trumeau : une belle Vierge à l’Enfant.