Entrer dans l’église de Trémaouézan, si les retables sont bien éclairés, provoque une émotion comparable à celle éprouvée lorsqu’on pénètre dans l’église de Lampaul-Guimiliau ou de Commana.

Or, c’était bien là, l’effet souhaité par les Pères du Concile de Trente. Ici, comme dans bien des enclos, après avoir traversé le champ des morts, les lambris de bois doré provoquent l’émerveillement.
 
 

Le retable Notre-Dame

La statue de pierre polychrome de la Mère à l’Enfant est d’une époque bien antérieure au décor qui la met en valeur.

On peut lire sur le socle Notre Dame du Mont Carmel. J. Mevel, dans sa Notice sur Trémaouézan nous donne une hypothèse de lecture assez séduisante. Il indique que dans les vieux papiers de la fabrique cette vierge était appelée « Notre Dame de la Mercy », du nom de la confrérie de la Mercy, ordre chargé du rachat des prisonniers tombés aux mains des Maures.

Le fruit présent ici dans la main de Jésus, rappelle ce même fruit dans la main de Marie, sous le porche. Ces deux statues étant de la même époque, on peut croire qu’il existe un lien entre les deux. Le fruit, figure du Mal, serait ainsi passé des mains de Marie, dans celles du Christ. Voilà une bien belle lecture qui oriente la prière à Marie !

Dans son décor actuel, cette statue est mise en lien avec saint Joseph portant lui-même l’Enfant et un « ecce homo » du Christ, souffrant sa Passion.
 
 

Le retable Sainte-Anne

Retable Sainte-Anne

Dans ce petit chef d’œuvre, nous avons un modèle de ce qu’est la catéchèse voulue par le Concile de Trente. Une polychromie très riche, une sculpture très soignée et une disposition des éléments sont propices à éclairer la foi des fidèles et à intriguer tout voyageur cheminant par ici.

Des stylistes feront remarquer que les mains de sainte Anne sont disproportionnées.
Mais c’est bien là l’effet recherché : Anne a, sur les genoux, le grand livre des Saintes Écritures, la main droite posée sur le livre, tandis que le doigt de la main gauche touche celle de l’Enfant Jésus, sous la colombe aux ailes déployées. L’Enfant Jésus, les bras en croix, debout sur le genou de sa mère somptueusement vêtue, figure déjà tout le mystère du salut par la croix. C’est aussi une façon de montrer Marie donnant son Fils et, par là, figure de l’Église.

L’artiste, fidèle aussi, en cela, au Concile de Trente, a placé cette scène dans un très beau décor baroque, au sommet duquel saint Pol écrase le dragon, figure du mal.

L’ange à la trompette est là pour faire retentir l’écho de la Bonne Nouvelle, tandis que la statue de « San German » rappelle que celui-ci fut, au milieu du IVe siècle, l’initiateur de l’école de la Foi, au pays de Galles et ainsi, par l’intermédiaire de saint Ildut, le père de la foi des saints fondateurs de l’Église en Bretagne, dont saint Pol de Léon.

On remarquera, bien sûr, que plus d’un siècle sépare la statue de pierre et ce retable. La statue de saint Germain l’Auxerrois est bien datée de 1560 avec le nom du fabricien de l’époque (Y. Lety), nom que l’on retrouve en divers endroits.
 
 

L’autel des trépassés

C’est ici l’un des thèmes chers à nos enclos.
L’autel, en forme de tombeau, caractéristique des autels de l’époque, porte une belle tête de mort, à laquelle correspond, au frontispice, le triangle mystique rayonnant sa gloire.

Entre les deux, un tableau sur le purgatoire : tandis que l’ange fait le voyage, deux femmes ont les mains levées vers lui, deux autres lèvent les yeux, alors que l’homme semble nous interpeller, nous qui le regardons.

Le décor baroque confère, à ces « fins dernières », un aspect enjoué.
 
 

Le retable de saint Sébastien

Saint Sébastien est l’un des saints invoqué contre la peste. Dans son martyre, il fut transpercé par des flèches. Il fait partie des saints que l’on retrouve dans presque tous les enclos de la vallée de l’Elorn. L’arbre auquel il est adossé porte des excroissances – rappel des bubons de la peste. La palme du martyre orne sa main gauche.

Saint Roch, en haut, à droite, est l’autre saint invoqué pour le même mal. Soignant les malades, il est lui-même atteint par la lèpre. Ici, il enlève délicatement son manteau, montrant sa plaie. Dans l’ermitage où il s’était retiré, un chien – nous dit la légende – lui apportait le pain quotidien.