Cette œuvre est remarquable tant par sa qualité architecturale, la finesse de ses sculptures que par l’iconographie choisie. Quiconque pérégrine d’un enclos à l’autre de la vallée de l’Élorn verra la ressemblance de ce porche avec ceux de Pencran et de Guimiliau. La date de 1665 indique cependant que ce porche a été réalisé plus d’un siècle après ses voisins. Signe de la survivance de l’un des ateliers de la région.

La composition bien structurée de ce porche nous offre une présentation tout à fait originale de l’Histoire Sainte.
 
Au bas des piédroits nous avons six scènes inspirées du livre de la Genèse. La lecture s’effectue de bas en haut et alternativement de gauche à droite.

À gauche la tentation avec, dans l’arbre, le serpent à tête féminine qui séduit Ève. À droite l’expulsion du jardin d’Éden. C’est l’ange placé sur le dais surmontant Ève, épée à la main, qui en interdit l’accès.

Au dessus, Ève mère et Adam laboureur. À droite, l’offrande de Caïn et Abel avec une colonne de feu qui monte vers le ciel tandis que la seconde revient sur le visage de Caïn.

Au troisième degré, Abel, le crâne fendu, et Caïn, sous la représentation du Dieu créateur. A droite, Noé cultivant la vigne et l’ivresse de Noé.
 
 
 
 
 
 

 
< La tentation

L’expulsion du jardin d’Eden >

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

< Caïn et Abel mort

Noë dans sa
vigne puis ivre
>


 
 
 
 
 
 
Au-dessus de ces scènes de l’Ancien Testament deux petits personnages assis les mains sur les genoux servent de transition de chaque côté.
 
À partir de là, nous avons de part et d’autre douze personnages de taille plus importante qui se déploient dans les voussures, suivant l’arcade en plein cintre du porche, jusqu’à la clé de voûte.
Chaque personnage possède un attribut bien spécifique.

On a le plus souvent interprété les trois premiers niveaux comme étant quatre prophètes : Daniel, Jérémie. Isaïe et Ezéchiel.
Et les quatre docteurs de l’Église orientale : Jean Chrysostome, Grégoire de Naziance, Athanase et Basile.
Et les quatre docteurs de l’Eglise occidentale : saint Augustin, saint Jérôme, saint Grégoire et saint Ambroise.
Peut-être peut-on y voir encore les évangélistes, le pape et les évêques.

L’interprétation des trois niveaux suivants comme étant les anges portant des instruments de la Passion est assez surprenante. On connaît bien les anges avec leurs ailes. Ce n’est pas ici le cas : ce sont douze personnages, hommes et femmes, moines et moniales. Ce sont des figures humaines portant dans leur parcours les instruments de la Passion au sens où l’écrit saint Paul :
« J’achève en ma chair ce qui manque à la passion du Christ. »