La réalisation de ce porche aurait duré onze ans si l’on se réfère aux dates mentionnées dans les inscriptions : 1554, 1559 et 1565. Emmanuelle Le Séac’h l’attribue à l’atelier landernéen de Bastien et Henry Prigent qui a produit des œuvres dans une cinquantaine de paroisses du Léon et de la Cornouaille entre 1527 et 1577. Trois autres porches sont également de leurs mains, ceux de Pencran, de Guipavas et, en partie, celui de Lampaul-Guimiliau.

Malgré les apports décoratifs Renaissance, la structure de ce porche reste gothique. L’impression d’élévation a été obtenue en surmontant le fronton d’un lanternon hébergeant des statues, lui-même coiffé d’un pinacle. L’imposant escalier au pied de l’entrée accentue encore cette impression. Toutefois, cet escalier n’a été ajouté qu’au moment de la reconstruction de l’église en 1864.

Le fronton


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
L’entrée en plein cintre richement décorée est coiffée d’une accolade au centre de laquelle se tient une statue de sainte femme portant un livre (sainte Marie-Madeleine ?).

Plus haut, à l’intérieur d’un faux gable, une sainte (la Vierge ?) tient les bras croisés sur la poitrine.

Le lanternon qui coiffe cet ensemble présente trois niches qui abritent des statues. Sur la face sud, saint Thivisiau (ou Thuriau) en évêque bénit les fidèles.

A l’est, un évêque n’a pas été identifié.

A l’ouest, un autre saint avec crosse mais nue tête est plus énigmatique. Emmanuel Le Seac’h pense que sa tête a été intervertie avec celle du Christ coiffé d’une tiare à l’intérieur du porche.

Toute la décoration du lanternon est d’inspiration Renaissance, à l’exception du pinacle gothique.

 

 

Le faux gable comporte à sa base :

  • à gauche un satyre au corps velu
  • à droite une femme nue aux grandes oreilles, probablement une naïade.

 

 

 

 

Les contreforts

Les contreforts sont décorés de niches à dais gothique qui abritent :

  • à l’ouest, de gauche à droite : une vierge de l’annonciation, saint Jean et saint Marc
  • à l’est, de gauche à droite : saint Luc, saint Matthieu et le groupe sainte Anne et Marie.

Sous le socle de l’ange qui accompagne saint Matthieu, on observe un contorsioniste insolite qui montre ses fesses !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Les sommets des contreforts sont ornés de crossettes :

  • à gauche un dragon ailé agrippe sa queue et, vu sous certains angles, semble pouffer de rire…
  • à droite un lion à la langue démesurée.

 
 
 
Les piédroits et les voussures

Les scènes représentées sont de la même inspiration que dans d’autres porches de la même époque : des épisodes célèbres de la Genèse, des saints populaires et des volées d’angelots.

Le piédroit de gauche présente de bas en haut :

  • Adam et Eve : la tentation où une démone (serpent à tête féminine) présente le fruit défendu.
  • Eve avec ses enfants Caïn et Abel, Adam travaillant aux champs.
  • Caïn et Abel offrant un sacrifice : la fumée d’Abel monte vers ciel, celle de Caïn lui revient au visage.
  • Les évangélistes saint Luc et saint Jean.

Sur le piédroit de droite, de bas en haut :

  • Adam et Eve chassés par un ange du jardin de l’Eden.
  • Caïn venant de tuer Abel dont le crâne est fendu – L’arche de Noé.
  • Noé récoltant du raisin – Noé ivre et ses enfants.
  • Les évangélistes saint Marc et saint Matthieu.

Dans les voussures, un cortège d’anges qui portent des encensoirs, jouent avec des instruments de musique ou sont en adoration les mains jointes.

 

 

 

Dans la gorge intérieure, Bastien Prigent fait preuve de virtuosité et d’humour en ciselant un lacis de pampre de vigne où des nains, des oiseaux, un lion se régalent de grains de raisin. A chaque extrémité, un dragon (à gauche) et un chien (à droite) tentent d’attraper le cep.