L’histoire de l’église de La Roche-Maurice est liée à celle du château. On pense que l’église actuelle fut érigée sur l’emplacement de la chapelle seigneuriale au début du XVIe siècle. La plus ancienne date de l’église figure sur la maîtresse-vitre — 1539 —, mais le début de la construction lui est nécessairement antérieur. Le clocher porte la date de 1589.

Aux XVIe et XVIIe siècles, La Roche-Maurice est une trève de la paroisse de Ploudiry. Le conseil de fabrique a bénéficié de la prospérité économique de l’époque, ainsi que de la générosité des Rohan et des fidèles pour mener à terme la réalisation de son enclos.
 
 
Le calvaire d’entrée

L’enclos ne possède pas de porte monumentale, sans doute en raison de la configuration du terrain. L’entrée au nord-ouest est bordée de deux simples piliers.

Par contre, au sud, le large échalier porte les croix du Christ et des deux larrons, peut-être une reconstitution d’éléments épars. Pencran et Saint-Divy présentent le même modèle d’entrée avec les trois croix.
 
 
L’ossuaire

Élément constitutif des enclos, il porte ici des dates bien lisibles : 1639-1640. Il est donc bien postérieur à l’église.

L’ossuaire, comme son nom l’indique, est construit pour mettre les « ossements du peuple », selon l’inscription au fronton de celui de Pencran.

Depuis des temps immémoriaux, en Bretagne Occidentale, les morts de toute condition sociale, étaient enterrés dans l’église. Quand on allait à l’église « on allait sur sa tombe ». Lorsque les tombes étaient remplies, se déroulait une cérémonie de transfert des ossements dans l’ossuaire.

Sur la façade, au-dessus de la porte, une inscription latine :
Memor esto judicii mei
Sic erit et tuum mihi hodie tibi cras (1639)

« Souviens-toi de mon jugement
ainsi sera le tien, pour moi c’est aujourd’hui, pour toi demain. »
C’est le mort qui s’adresse au passant de façon particulièrement abrupte.

Les niches, destinées sans doute aux douze apôtres, comme on le voit à Sizun, sont vides ici.

Sous les dix baies aux colonnes corinthiennes, le bénitier d’angle, à gauche, et les bas reliefs des panneaux méritent attention.

Au-dessus du bénitier « le fameux ankou » (en breton l’ankou est la personnification de la mort) est parfois représenté avec une faux ou, comme ici, avec une flèche. Sa flèche est orientée vers la représentation de toute l’humanité bien ciblée sur le milieu de la frise.

Le propos de l’ankou est clair :
« Je vous tue tous ».
 
 
 
 
 

De gauche à droite : un paysan avec sa bêche, une femme avec un bouquet de fleurs, un docteur avec sa barrette carrée et le pape avec sa tiare.
 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur la frise de droite, aux extrémités une tête de mort et une couronne de vie : entre les deux, l’identification est bien incertaine (saint Yves entre le riche et le pauvre ?).

 

 

Les petites sculptures, au bas des colonnes, sur le cartouche, peuvent intriguer. II s’agit de l’insigne donné au compagnon lors de son chef-d’œuvre et qui lui sert de signature.