Histoire

Sizun, dont le nom remonte à la haute antiquité, celtique sans doute, doit sa renommée à son enclos paroissial, l’un des plus harmonieux et des plus curieux du département. Sa parure de pierre témoigne de la prospérité dont la paroisse a joui aux XVIe, XVIIe et début du XVIIIe siècles grâce au commerce du lin et à ses 35 ateliers de tissage. Les débuts du règne de Louis XIV ont marqué le point culminant de la construction. Un sculpteur malicieux a représenté un ange coiffé de la même perruque que le roi au-dessus du retable du Rosaire.

Le saint Patron de Sizun est saint Suliau, qui est également celui de Saint-Suliac sur Rance. Selon la tradition, il serait venu du Pays de Galles, au milieu du VIe siècle et aurait fondé un monastère sur les bords de la Rance. Il serait à l’origine du bourg actuel Saint-Suliac, près de Saint-Malo. Il est représenté en moine tenant quatre bâtons à l’angle sud de l’ossuaire et dans une niche extérieure de la sacristie. Selon la légende, du bétail des environs venait dévaster un champ qu’il avait semé de blé. Pour protéger ses cultures, il traça une ligne autour du champ et piqua un bâton à chaque angle. La nuit suivante, les animaux revinrent et furent comme pétrifiés quand ils touchèrent cette ligne. Suliau les vit, les bénit et leur demanda de ne pas revenir. Ils s’en allèrent et ne vinrent plus piétiner le champ.

L’arc de triomphe

L'entrée triomphale

Le monument qui capte l’attention de tous les visiteurs est cet arc de triomphe qui donnait accès au cimetière, autrefois situé autour de l’église. C’est le plus majestueux du genre en Bretagne. Très représentatif de l’art de la Renaissance, il a deux façades semblables. IL est formé de trois arcades séparées par des colonnes cannelées à chapiteaux corinthiens. Ces derniers, taillés dans la roche volcanique noire de Kersanton, sont d’une sculpture délicate qui atteint la perfection.

La porte monumentale d’une envergure de 15 mètres environ est surmontée d’une galerie flanquée de lanternons. Celle-ci porte le Crucifié entouré de Marie et de Jean et les croix des larrons. Un escalier de pierre permettait d’accéder à la galerie supérieure où le prédicateur pouvait s’adresser à la foule les jours de pardon. La partie inférieure de l’escalier a été démolie en 1884 au cours de l’aménagement de la R.N. 164 en contrebas. De cette porte monumentale, construite aux environs de 1580-1588 — peut-être par l’atelier de Kerjean — et inspirée de l’art antique, il se dégage une impression d’harmonie dans la solidité et la simplicité car il n’y a aucune surcharge décorative.

A gauche de l’arc, à l’angle sud-ouest de l’ossuaire, regardant vers la place, une surprenante statue de femme-serpent cueille un fruit sur un arbuste ; elle n’est pas la seule de l’ensemble architectural. On peut en découvrir d’autres, aussi mystérieuses, témoins muets de légendes séculaires.

NB : Paris a exposé une copie de cet arc de triomphe dans le Jardin des Tuileries pour fêter le bicentenaire de la Révolution.
 
 

Pietà

A droite du porche sud, une belle Pietà en kersanton est exposée sur un socle. Marie porte le corps de son Fils entre Jean et Marie-Madeleine. Cet ensemble pourrait venir d’un ancien calvaire. Emmanuelle Le Seac’h l’attribue à G. Palut et le date de 1542 (Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, p. 261).