Datée de 1676, c’est l’œuvre la plus connue de l’église. Le Dictionnaire des artistes du Finistère (SAF - Y.-P. Castel - T. Daniel - G.-M. Thomas) et Maud Hamoury (La peinture religieuse en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles) attribuent sa réalisation à Nicolas Floch, sieur de Porzmorvan, maître peintre et verrier à Landerneau, né vers 1610-1615 et décédé en 1683. Il a également peint le tableau de la Sainte Famille exposé au-dessus de la porte sud à Lampaul-Guimiliau. Les lambris peints ont été classés aux Monuments historiques en 1912, ce qui leur a permis de bénéficier de plusieurs restaurations (la dernière en 1995) et les a sauvés d’une disparition irrémédiable. D’après Bernard Tanguy, l’artiste ou le commanditaire de l’œuvre s’est inspiré d’une version de la vie de saint David, écrite par le moine gallois Rhygyfarch au XIe siècle.

La vie de saint Divy est racontée en six tableaux présentés de manière similaire. Au haut des tableaux, sur un fond étoilé, apparaissent les sommets de deux colonnes supportant une arcade. Deux angelots musiciens sont assis de chaque côté. Du sommet de l’arcade, des rideaux se déploient de part et d’autre et font penser à un théâtre, où serait interprété un mystère comme au Moyen-Age. Deux autres angelots volent au-dessus de la scène, symbolisant l’intervention divine dans le récit.

Dans l’arcade, une légende latine explicite l’image. Au bas de chaque tableau un cartouche encadré d’un cuir à volutes résume la scène en français. Enfin des phylactères se déroulent sur le tableau pour préciser, en latin, des paroles ou des détails. Ce sont les précurseurs des « bulles » de nos B.D. actuelles.
 
 

Annonce de la naissance de saint Divy

 
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La scène en haut à gauche saisit le roi de Galles, Xantus, à son réveil, devant des courtisans. Il vient de faire un rêve. L’inscription en bas de la peinture l’explicite :

[...] "le lendemain, chassant, ils rencontreront un cerf, un poisson et un essaim d’abeilles qui pronostiqueraient la sainteté de Saint Divy, son fils, le cerf pronostiquerait son zèle, le poisson son austérité et l’abeille sa sagesse."

C’est un ange qui a parlé ainsi au roi endormi.
 
 
 
Une troupe de cavaliers, de veneurs et de chiens se dirigeant vers un monastère montre la chasse évoquée dans le rêve du roi. Un personnage, au premier plan en bas, désigne le cerf, blessé, et le poisson, comme mort hors de l’eau, sous les racines d’un bel arbre dont une fourche accueille un essaim d’abeilles.
 
 
 
 
 
 
 
 
Ces trois signes trouvent leur pendant dans les trois dons (trium donorum) portés par trois personnages devant un moine qui sort du monastère.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Saint Patrick et saint Divy

 
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Cette scène dessine le destin croisé de Saint Divy et de Saint Patrick. A vrai dire, nous avons, sous les yeux, deux scènes séparées par le bâton, en forme de crosse, dans la main de l’évêque. A gauche, l’évêque est suivi par le clergé lui aussi en habits liturgiques.

A droite, les anges transmettent un message inscrit sur le phylactère. Un évêque décoiffé (sa mitre est à terre) est accompagné d’un ange qui lui indique un chemin.

En bas, au milieu des fleurs, un homme sort de terre. Derrière lui, des bateaux sur la mer. Au premier plan, comme en arrière-plan, à droite, deux villes avec des fortifications, des églises. Entre les deux, sur l’eau : des bateaux invitant au voyage.

Mille histoires pourraient s’écrire à partir de ce très riche tableau.
Les légendes viennent préciser, ici, une signification. Sur la corniche cintrée, en latin « Eodem tempore... » qui peut se traduire : « Dans le même temps, saint Patrick, sur l’ordre de l’ange, quitte la vallée de Rhosina, pour passer en Irlande, afin de laisser Menevia à David. »
 
Dans les cartouches, nous lisons : « Saint Patrice est averty par un ange de quitter le vallon très agréable, réservé à Monsieur Sainct Divy qui devoit noistre de la a trente ans, et passer en Hybernie pour estre l’apotre, et s’embarquer au port Maugan. ll ressucite Runither qu’il amena avec luy. »
Sur le phylactère des anges, en latin : « A toi, ce n’est pas ce lieu que Dieu t’a destiné, mais à David dont la naissance nous est séparée de trente années. »
Sous l’homme qui s’éveille du tombeau : Runither enseveli ici depuis 15 ans, ressuscite
Au-dessus de l’évêque : Tu seras l’Apôtre de l’Irlande.
 
 

Naissance de saint Divy

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Nous passons ici du rêve à la réalité. Xantus, à cheval, fait face à une religieuse. Deux monticules forment comme une limite. En arrière-plan, à droite, une femme accouche. Tout est mis en scène de manière pudique. Les légendes en font une lecture : sur la corniche cintrée, on peut traduire ainsi le texte latin : « Le roi Xantus engendre David de la bienheureuse Nonnita. Au temps de la naissance apparurent deux pierres. »

Dans le cartouche, le texte français nous fait une autre lecture : Xantus roi de Cornouaille, à présent Galles en Angleterre, faisant rencontre de sainte Nonne. engendre son fils saint Divi entre deux rochers miraculeusement apparus : la pierre s’amollit sous les coudes de sainte Nonne, en enfantant saint Divi, son fils.
 
 

Le baptême de saint Divy

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Au premier plan : un tronc d’arbre, rappelle, sans doute, l’arbre des signes de la scène précédente. Jouxtant cet arbre, un homme accompagné d’une femme, présente l’enfant à un évêque, qui verse de l’eau sur l’enfant.

En haut, à droite, une autre scène : un personnage, en habits ecclésiastiques, avec une barrette. Il parle, puisqu’un phylactère sort de sa bouche. Devant lui, plusieurs personnages. Si on traduit les phylactères, on lit : « David, touche mes yeux et je serai guéri. »
A côté l’inscription : « Il rend la vue à son maître Paulinus »
 
Dans le cartouche en bas nous lisons :
« Belve, évêque de Menevy baptisa saint Divi : Mobus, aveugle, son parrain, fut illuminé se lavant les yeux de l’eau de la nouvelle fontaine : Saint Divi étant écolier, rendit la vue à son maître Paulinius, par le signe de la croix. » Ce cartouche condense les deux traditions manuscrites.

La mise en scène des trois premiers tableaux obéit à une suite chronologique : annonce, conception, baptême de Saint Divy. Le baptême rend visible ce qui s’annonçait par des signes. Il ouvre les yeux de ceux qui sont aveuglés par leur savoir ou le doute.
 
 

Saint Divy au concile de Brevy

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Le tableau suivant montre Saint Divy au Concile de Brévy. La présence des femmes y est bien mise en évidence. Ce Concile est orienté contre les Pélagiens (première hérésie de l’Eglise d’Occident relativisant la grâce pour le salut de l’homme).

Selon les récits anciens, le sol se souleva miraculeusement sous les pieds de saint Divy pour que tout le monde pût l’entendre alors qu’il prêchait.

Sa représentation indique la place de Saint Divy en lien avec Saint Germain l’Auxerrois, Saint Ildut, Saint Pol de Léon et les autres saints fondateurs de l’Eglise en Bretagne.

Ce tableau et le suivant sont vraisemblablement d’une autre main que les précédents (compagnon, apprenti ?).
 
 

La mort de saint Divy

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La disposition d’ensemble rappelle la peinture du retable des Agonisants de Sizun où figure Dom Michel Le Nobletz. On y retrouve des détails récurrents dans les tableaux mettant en scène une agonie : crucifix tendu vers le mourant, porte ouverte sur le monde extérieur que le mourant va quitter, le Christ apparaissant dans un ciel entrouvert...

Deux lignes se croisent : le phylactère sortant de la bouche du personnage allongé sur le lit à baldaquin et la croix portée par le Christ dans un nuage d’anges. L’inscription du phylactère « tolle me post te » « prends-moi près de toi » donne la prière du mourant.
Celui-ci porte la mitre, ainsi que le personnage qui se penche vers lui. Sur la table, le livre et un goupillon sur un plateau.

On peut traduire ainsi le texte latin sur la corniche cintrée : « Demeure présent, ô saint Patron, près de ceux qui sont dans la douleur de l’agonie. Apporte le salut, Bon Pasteur, à notre trève toujours ».

Dans le cartouche, on lit en français : « Dieu avertit sainct Divy de sa mort prochaine, qui arriva l’an 107 de son âge. »