Commana possède l’enclos paroissial le plus oriental de la vallée de l’Elorn. La source du fleuve se trouve sur le territoire de la commune, au coeur des monts d’Arrée. A des kilomètres aux alentours on distingue la haute flèche si caractéristique de l’église.

Selon la légende, au IVe siècle, saint Derrien - à qui l’église est dédiée - et son compagnon Néventer auraient sauvé le seigneur Elorn de la noyade.
On raconte également qu’au XIVe siècle un attelage de bœufs aurait indiqué l’emplacement où l’on devait bâtir l’église et qu’en creusant les fondations on aurait mis à jour une auge de pierre (en breton : komm) contenant une statuette présumée de sainte Anne (Anna) — en réalité une Vénus — mais cette méprise aurait donné le nom de Commana. Cette étymologie est contestée. Les chanoines Abgrall et Peyron estiment que Commana aurait vraisemblablement pour origine le mot ancien "coummand, coummanha" qui veut dire "donner une terre en fief, inféoder".

En 1774, le recteur, M. Podeur, dans une lettre adressée à son évêque Mgr de la Marche, donne des précisions intéressantes sur la situation économique de sa paroisse.

Il déplore que les terres soient délaissées par les riches principalement préoccupés par le commerce des toiles. "D’autres qui ont quelques terres les abandonnent pour dévider, ourdir et faire de la toile." Les terres "décloses", laissées à l’abandon, représentent un tiers de la surface de la paroisse. Le pays est infesté de loups qui dévorent les vaches des pauvres. Il note également le nombre excessif des foires et marchés qui incitent les nécessiteux à la mendicité et au vol. A cette lecture, on constate que les classes moyennes et aisées (les juloded) de Commana s’enrichissent du commerce et de l’industrie toilière, grâce au fil en provenance des évêchés de Tréguier et Saint-Brieuc. Dans le même temps, l’agriculture est délaissée. C’est l’ascension sociale des juloded qui permettra de financer la construction de l’enclos paroissial.